Sylvie Sampol – Psychologue

Nous sommes toujours avec le partenaire idéal

Guy Corneau disait « nous sommes toujours avec le partenaire idéal ».

Pourquoi ? Ce partenaire va révéler en nous les blessures de l’enfant que nous avons été et qui ne demandent qu’à être soignées, conscientisées. Et l’autre va nous permettre de faire ça.

Un principe important : je ne suis pas responsable de ce qui me vient de l’autre mais je suis responsable de ce que j’en fais.

Tant qu’on souffre, tant que la blessure n’est pas soignée, on va répéter l’histoire en utilisant notre partenaire pour souffrir à nouveau de cette blessure de rejet, d’abandon, de trahison… mettez le nom de votre propre blessure.

Et c’est en vivant le quotidien, dans les actes simples de tous les jours que nous allons pouvoir apaiser cette vieille histoire. L’autre devient notre thérapeute.

Cette vieille blessure se révèle à nous quand nous sommes en conflit.

Comment faire pour que nous ne rentrions pas dans une escalade d’agressivité ?

Comment découvrir cette facette de nous qui ne demande qu’à être vue pour être apaisée ?

Quand on est dans cette escalade d’agressivité, on a de plus en plus mal, on fait de plus en plus mal, on culpabilise, on accuse… et un jour on se dit que c’est vraiment la faute de l’autre, qu’il n’est pas fait pour nous, qu’il nous faut nous en séparer.

Un autre principe : il n’existe pas sur terre une princesse ou un prince qui vous attend.

C’est une illusion de l’ego. Nous « attirons » (avec des guillemets) le partenaire idéal. Je parle des couples dits « classiques » et non des couples où il y a de la violence conjugale.

Toute la journée nous accumulons des frustrations, des manques que nous ne savons pas toujours gérer. Imaginez une cuve qui se remplit peu à peu de toutes ces frustrations jusqu’à ce qu’une dernière frustration soit la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Et là nous nous mettons à attaquer, à fuir ou les 2. Nous nommons l’autre responsable de notre souffrance.

Erreur humaine mais erreur quand même. Je vous rappelle la phrase du début « nous ne sommes pas responsable de ce qui vient de l’autre mais de ce que nous en faisons ».

Un processus visant à se soulager se met en place par l’accusation de l’autre ou par une posture « contre l’autre ».

La prochaine fois que vous serez en conflit, regardez comment les phrases assassines jaillissent spontanément, facilement. Pas besoin de réfléchir. Les vieux dossiers sortent tout seuls. « tu te rappelles quand tu m’as emmené en vacances à la montagne alors que je déteste la neige, tu sers à rien, je fais tout dans cette maison, c’est toujours moi qui emmène les enfants chez le médecin, c’est grâce à moi si on peut manger dans cette maison, tu es un égoïste, etc..

Et le comble c’est qu’il y a toujours une vérité derrière… amplifiée, déformée.. mais une vérité qui ravive la blessure de l’autre.

Pour savoir ce que nous dit cette facette blessée, il nous faut déjà éviter de rentrer dans cette escalade d’agressivité. Donc première règle d’hygiène du conflit :

  • Quand vous sentez que les phrases assassines commencent à jaillir, écartez vous de la relation : allez marcher, allez aux toilettes, dans votre chambre, allez respirer sur le balcon… Le but étant de désactiver cette énergie négative.. de ne pas la nourrir plus en accusant, en se jugeant soi même ou en jugeant l’autre. Il est vrai que ce mécanisme soulage temporairement mais ne résout en rien notre problématique profonde. Imaginons la situation suivante:
  • Vous êtes dans votre cuisine, votre fils casse un verre. Les bris de verre s’éparpillent partout. Imaginons que c’est un dimanche ou un jour de vacances, vous ne travaillez pas. Il fait beau dehors, les oiseaux chantent. Et vous dites « mon petit chéri, fais attention, tu as les pieds nus, sors vite de la cuisine. Et en même temps vous vous emparez du balai et de la pelle pour ramasser les morceaux de verre.
  • La même situation, vous venez de rentrer de votre travail. Votre patron vous a agacé. Vous êtes fatigué. Et là, au vu du verre éparpillé, la colère monte en vous : il ne manquait plus que ça, personne ne me respecte, il aurait pu faire attention, il est toujours dans la lune et ne regarde pas ce qu’il fait et vous vous entendez dire à votre enfant : non mais ce n’est pas possible, tu ne fais jamais attention… tu aurais pu regarder ce que tu fais, je comprends pourquoi tu as de mauvaises notes à l’école, tu ne réussiras jamais à rien si tu continues comme ça et tu n’auras pas toujours tes parents pour pallier à tes bêtises. Et vous le plantez en lui disant « bon maintenant ramasse, tu m’agaces » et vous quittez la pièce.
  • Un seul événement et deux manières de le vivre : dans le premier, la cuve n’est pas pleine. Vous êtes tournée vers votre enfant… dans le deuxième, la cuve est pleine et a réactivé une vieille blessure de « je ne suis pas respectée, je n’ai pas de valeur aux yeux des autres ».

Il s’agit seulement d’un verre cassé et d’un enfant, de votre enfant que vous aimez.

Et ben c’est la même chose avec votre conjoint, votre conjointe.

Vous savez, ce ne sont pas les grands problèmes qui font la séparation mais une accumulation de petites blessures.

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