Sylvie Sampol – Psychologue

Se disputer devant son enfant

Question de Paul 

«  je suis en couple depuis quelques années et on s’entendait bien. Aujourd’hui, on n’arrête pas de se disputer, on se dit des choses horribles qui font mal et en plus on n’arrive pas à se retenir et on se dispute devant notre enfant de 4 ans qui l’autre jour nous a dit qu’il avait très peur que l’on se sépare. Que pouvons-nous faire ? »

Réponse

Il est déjà normal et sain de ne pas avoir le même point de vue que l’autre. Cette confrontation de points de vue nous permet

  • De connaitre le monde de l’autre
  • D’apprendre à trouver une solution commune – la troisième voie – quand il est nécessaire de prendre une décision

Mais quand on commence à se disputer et que l’important n’est plus de trouver une solution mais de défendre sa vérité, c’est là où nous sommes emportés par une espèce de pulsion violente. On veut imposer sa vérité comme s’il n’y avait qu’une Vérité. La Vérité unique n’existe pas, c’est une illusion.

Paul a été élevé dans une famille où la pudeur régnait, où les sentiments n’étaient pas exprimés. Il y avait beaucoup de maladresse. Dire ses sentiments, son intimité, n’était pas de mise. Alors on s’exprimait plutôt par des railleries. On chahutait l’autre et on n’avait pas de limite. On ne percevait pas que l’autre était blessé. Il nous fallait rencontrer une limite. Et cette limite, c’est Marion qui lui dit, quand elle n’en peut plus. Mais au bout de quelques années, elle est épuisée et aimerait bien que Paul lui fasse des compliments, ai des attentions plutôt que d’être moqueur. Et quand elle est blessée, Marion, elle réplique aussi, renvoyant des commentaires négatifs sur Paul qui n’apprécie pas du tout Et voilà le même sujet qui revient constamment sur le terrain, et souvent dans la cuisine au moment de préparer le repas ou de manger.

Paul a déjà découvert « son infirmité » à dire des mots d’amour. C’était son premier pas. Marion au lieu d’attendre que la coupe soit pleine, a appris aussi à dire son monde, sa limite aux répliques de Paul. C’est une affaire où les deux membres d’un couple sont impliqués pour pouvoir changer cette facette de relation.

Quand leur émotion de colère, de repli pointait leur nez, ils ont appris à se reculer de la situation, à quitter la relation. Apprendre à gérer ses émotions en allant s’apaiser dans une autre pièce, respirer à la fenêtre, se réfugier sur les toilettes et surtout arrêter le petit vélo dans votre tête qui vous fait croire que l’autre est coupable ou que vous, vous êtes coupable, selon le type de réponse réactionnelle qui est programmé en vous dans ce genre de situation.

De plus, quand votre enfant assiste à votre dispute et voit comment vous gérez votre émotion, votre colère, son cerveau par le biais des neurones miroirs enregistre cette manière de faire. Les petits enfants apprennent en nous imitant. Pas besoin de mots, cela construit leur manière de gérer leurs émotions.

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