Sylvie Sampol – Psychologue

Le canard au mental humain

Les émotions peuvent être gluantes si on n’arrive pas à s’en détacher. Elles ne sont là que pour nous informer de notre état intérieur, un état de tristesse, de colère… Un évènement a lieu, une parole est dite et notre petit ego interprète en fonction de sa base de données, de notre histoire. Normalement, l’émotion devrait continuer tranquillement son chemin comme un nuage dans le ciel ; et là l’émotion reste.. et s’amplifie avec les commentaires qui viennent la nourrir. C’est infernal quand on se laisse piéger par ce mécanisme. Rester dans l’instant présent, revenir au corps, revenir à ce que l’on fait dans l’instant et ne pas se figer dans cette émotion de tristesse, de colère, de dégoût.. qui réveille en nous une des cinq blessures inscrite en nous depuis notre naissance. Que cela soit de la trahison, du rejet, de l’abandon, de l’humiliation, de l’injustice… tout revient et nous plonge dans les méandres d’une vieille histoire à laquelle nous ne pouvions rien quand nous étions enfant mais aujourd’hui, en tant qu’adulte, nous pouvons reprendre les rênes de notre vie et déconstruire ces vieilles croyances.

Mais ces émotions, ces représentations dansant dans un cycle infernal et gluant, ce n’est pas si simple de prendre de la distance, du recul… Lâchez prise, encore un mot qui n’est pas facile à appliquer.

Pour illustrer mes propos, je vous propose un peu d’humour en vous partageant un extrait d’un livre « Nouvelle Terre » d’Eckhart Tolle :

Le canard au mental humain 

« …je mentionnais une observation du monde de la nature. En effet, après que deux canards se sont pris au bec, ce qui ne dure jamais très longtemps, ils se séparent et nagent dans des directions opposées. Chacun de leur côté, ils se mettent à battre vigoureusement des ailes à quelques reprises pour se débarrasser du surplus d’énergie qui s’est accumulé pendant la bataille. Une fois qu’ils ont fini de battre des ailes, ils se remettent à voguer en paix, comme si rien ne s’était jamais produit.

Si le canard avait un mental humain, il entretiendrait la bataille dans son esprit en pensant, en se racontant des histoires. Voici quelle serait l’histoire de ce canard. « Je n’en reviens pas de ce qu’il vient de faire ! Il s’est approché au point de me frôler ! Il pense que cet étang lui appartient ! Il n’a aucune considération pour mon espace privé. Je ne lui ferai plus jamais confiance. La prochaine fois, il essaiera autre chose pour m’embêter. Je suis sûr qu’il est déjà en train de manigancer quelque chose. Je ne me laisserai pas faire. Je vais lui donner une leçon qu’il n’oubliera pas de sitôt. «  Et le mental poursuit sa ronde infernale d’histoires, y pensant et en parlant encore pendant des jours, des mois ou des années plus tard. En ce concerne le corps, la bataille n’est pas finie et l’énergie qu’il génère en réaction à toutes ces pensées sont des émotions, qui à leur tour génèrent davantage de pensées. Ceci devient la pensée émotionnelle de l’ego. Vous pouvez facilement vous imaginer à quel point la vie du canard serait problématique s’il avait un mental humain. C’est pourtant ainsi que la plupart des humains vivent en permanence. Aucune situation et évènement ne sont jamais vraiment finis pour eux puisque le mental et le  « moi et mon histoire » crée par le mental les perpétuent…

 

« La leçon que le canard peut nous apprendre est la suivante :

Battons des ailes (laissons tomber l’histoire) et revenons au seul et unique lieu de pouvoir, le présent. »

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